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Le Genepi, c'est fini ? (La Gazette du palais - par Olivia Dufour)

Le 20 septembre 2018, l'administration pénitentiaire a décidé de ne pas renouveler la convention qui ne pourrait pas être générée et de lui couper ses subventions.

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Ne cherchez pas, Génépi n'est pas un sigle. C'est une fleur qui pousse dans les endroits plus arides en montagne. Cette association étudiante auprès des personnes incarcérées est née le 26 mai 1976 à l'instigation de Lionel Stoléru. Elle s'inscrit dans le vaste programme de réforme de la prison lancé par Valéry Giscard d'Estaing lors de son accession à la présidence de la République. Son objet? «Collaborer avec le public pour soutenir le développement du pénitentiaire». « Il s’agissait de permettre à des gamins qui réussissaient leur vie de tendre la main à ceux qui étaient en train de la rater. Et de montrer aux futurs chefs d’entreprise du pays que les personnes détenues pouvaient constituer de bons travailleurs », commente l’avocate Amélie Morineau, une ancienne responsable de l’association. L’idée, très « droite catholique », change d’ADN en 1981.

Le Génépi refuse en effet d’adhérer au durcissement pénal de la loi Sécurité et liberté d’Alain Peyrefitte. En 2011, survient une deuxième grande rupture. Le Génépi décide qu’il ne collaborera plus à une politique carcérale qu’il ne cautionne pas. Il entend agir désormais en faveur du « décloisonnement des institutions carcérales par la circulation des savoirs » entre les personnes incarcérées, le public et ses bénévoles. « Ce n’est pas qu’une question de sémantique, explique Amélie Morineau. On ne veut plus collaborer à une politique sur laquelle nous ne sommes pas consultés et à laquelle on ne peut adhérer ».

Malgré tout, le Génépi s’engage à maintenir une majorité d’heures scolaires conformément à sa mission, le reste consiste à développer des activités socioculturelles qui vont de l’organisation de débats à l’atelier photo. L’administration pénitentiaire fronce le sourcil, mais le fondateur, Lionel Stoléru, veille. Sa figure tutélaire protège l’association. Et puis celle-ci bénéficie de solides soutiens dans le monde judiciaire. Et pour cause. « Le gros des troupes est constitué par des étudiants en droit. Le Génépi a donc formé plusieurs générations d’avocats, de magistrats, de psychologues, de médecins, d’historiens, de profs, de sociologues qui tous ont eu, après son passage, un regard différent sur la prison et ceux qui l’occupent », confie l’avocate. Il y a même d’anciens génépistes chez les actuels directeurs d’établissements !


Amélie MORINEAU